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En plus de son église du XIIIième, connue pour une des plus belles église rurale de la manche, la commune d’Appeville recèle sur son territoire plusieurs curiosités. Nous citerons en premier une pierre mégalithique, ancien vestige de sépulture antique, si nous nous référons à des fouilles de 1996. Il nous faut citer encore la chapelle du manoir d’Ozeville antérieure à l’église, le château du même nom datant du XVIIième siècle et le bâtiment fortifié de l’Isle qui devait veiller sur le bassin de la Douve dans des temps reculés Mais que dire de ces multiples bâtis anciens en pierre existants sur la commune et qui nous surprennent à tout instant.
Le prieuré ou manoir d’Ozeville a été jusqu’à la révolution le siège de la baronnie d’Ozeville propriété de l’Abbaye de Lessay.
La chapelle Saint Blaise existait déjà en 1056 lors de la fondation de l’abbaye. Les quatre ouvertures romanes ont été remplacées par des ouvertures ogivales, probablement au treizième siècle. A cette époque Guillaume de Tournebu évêque de Coutances (1182-1202)autorisa les moines à célébrer les offices dans leur chapelle pour les habitants de la paroisse d’Appeville, d’où l’existence d’une porte coté route.
A l’intérieur de la chapelle se trouvent encore une crédence ou piscine gothique et un bénitier inséré dans le mur. Le reste du mobilier a été dispersé. Une statue de Sainte Opportune statue en calcaire du XIVème siècle est visible à l’abbaye de la Lucerne, une Vierge à l’enfant restaurée se trouve actuellement dans l’église de Périers.Quant à la pierre, très abîmée, représentant le martyr de St Blaise, propriété du département, elle est présentée dans le cadre d’expositions sur la sculpture au moyen âge.
Les bâtiments d’habitation ont été reconstruits au XVIIIème siècle.
Les bâtiments situés à droite de l’entrée datent de la même époque que la chapelle, ils étaient à usage d’habitation dans les temps anciens. De nombreuses constructions qui fermaient la cour, grange à dîme, boulangerie etc. ont été démolies au siècle dernier.
Le Château d’Ozeville
Il fut construit par la famille Le Forestier, famille seigneuriale d’Appeville, qui y résida au XVIIème siècle et dont certains membres sont enterrés dans le cœur de l’église d’Appeville.
L’accès se fait par une entrée voûtée classique, qui donne sur une cour carrée, avec à droite un imposant colombier. Les bâtiments à usage d’habitation sont du XVIIème et XVIIIème siècle, d’un style classique très pur avec de très jolies lucarnes. A l’arrière, il existait un jardin à la française, dont il subsiste peu de traces.
Les communs transformés en habitation ont conservé de puissantes colonnes supportant les voûtes de la charetterie.
Le Bois
Situé à proximité de l’église, cet ancien manoir attire notre regard à notre entrée dans Appevile. Jadis totalement entouré de douves, il a conservé son colombier et ses bâtiments à usage agricole du XVIème siècle.
La maison d’habitation date du XVIIIème siècle.
Le Haut d’Appeville
Cet ancien manoir dont les multiples bâtiments ont été à de nombreuses reprises remaniés reste un témoignage de la prospérité de cette région de Normandie. Il domine les marais situés face à Auvers.
Comme toute ancienne demeure seigneuriale, il possède son colombier toujours visible au milieu de la cour.
L’Isle
A l’extrémité de la commune, face au village de Vindelonde, surplombant les marais, se trouve un bâtiment du XVIème siècle. C’est le dernier vestige d’une construction qui a été beaucoup plus importante dans les temps anciens. Pendant les hivers pluvieux, cette ancienne demeure est pratiquement entourée d’eau, d’où lui vient son nom de l’Isle. Elle été construite probablement pour la surveillance du trafic fluvial, au même titre que l’îlot semblable de l’île Marie à Picauville.
Certaines personnes ont émis l’hypothèse qu’il s’agissait d’une petite bastille construite pendant la guerre de cent ans alors que les Anglais ravageaient le Cotentin et livraient bataille. Sa situation tout à fait exceptionnelle permet toutes les suppositions.
Le pavillon restant présente, au rez de chaussée, en pleine maçonnerie deux grands arcs en pierres taillées, l’un à l’Est l’autre à l’Ouest. Le bâtiment est éclairé par deux croisées dont les meneaux de pierres, en forme de croix, sont demeurés intacts.
La pierre Lée.
Sur le territoire d’Appeville, à proximité du château d’Ozeville existe un dolmen.
Cette pierre, qui diffère de celles du terroir, est d’un seul bloc grossier, en forme de table.
La dalle mesure 2m40 de long, 2m20 de large, son épaisseur varie d’une extrémité à l’autre entre 0m40 et 0m80,
La pierre est couchée sur le sol et comme celui-ci est rocheux à cet endroit elle en émerge totalement.
Des cavités assez accusées permettent de penser que cette pierre était autrefois élevée sur des supports dont le sommet s’engageait dans les cavités en question
Les supports ont depuis longtemps disparu.
Cette pierre occupe un point culminant d’où la vue s’étend très loin si l’on regarde du côté des marais de St –Côme-du –Mont
En 1833 des ossements notamment des cranes ont été trouvés au pied de la pierre, ils ont été longtemps attribués à nos ancêtres les gaulois ou encore aux soldats romains qui se sont aventurés dans ces parages, voire aux moines de l’Abbaye de Lessay qui résidaient dans l’ancien prieuré situé à proximité.
Les dernières fouilles archéologiques datant de 1994 ont permis une approche beaucoup plus scientifique.
Notre pierre date de l’époque néolithique moyen II, elle se situe au centre d’un site funéraire appelé cairn
Le cairn est un amas artificiel de pierres dont la fonction est de démarquer un site funéraire où étaient enterrés les morts.
La cartographie réalisée parles archéologues a permis de déterminer une emprise du site de très grande taille30 m sur 40m ; sur cet emplacement les fouilles ont permis de retrouver des matériaux apportés par l’homme pour la construction du cairn.
Des ossements ont été retrouvés, ainsi que des objets de l’époque néolithique : morceaux de vases carénés et des anses biperforées.,objets de parures(canine de canidé perforée, perle de quartz poli) tessons de poterie néolithique…
Notre monument mégalithique présente de très grandes similitudes avec celui de Vierville distant de 7 km, construit lui aussi sur une croupe dominant les marais avec le même calcaire jaune allochtone.
L’église d’Appeville étonne par sa taille et son élégance. C’est une des églises rurales les plus importantes du département de la Manche. D’ailleurs les Bâtiments de France ne l’ont pas ignorée, elle est classée depuis le 24 octobre 1950. La décrire en quelques mot n’est pas chose aisées, tant est sa richesse architecturale. Construite au début du XIIIième siècle, c’est un modèle du style ogival primitif. On remarque en premier la tour carrée dont l’étage inférieur correspond à la tour lanterne, et l’étage supérieur au clocher, fait de huit pans de pierres.
Elle est visitée régulièrement et à chaque fois avec étonnement et admiration.
Description de l’Eglise d’Appeville
Transcription du texte publié pr Mme Gabrielle Thiboult , dans le Dictionnaire des églises de France,t.IV B ,Normandie, Paris, Robert Laffont, 1968
L’église d’Appeville (dépendant jadis de l’abbaye de Lessay) est remarquable par la qualité de son style, la grande homogénéité de sa construction exécutée en une seule campagne au début du XIIIème siècle, et aussi par l’état dans lequel elle nous est parvenue : presque sans retouches, expression quasi parfaite de l’art gothique rural du Cotentin.
Le plan est simple et régulier : chœur et nef uniques à peu près de mêmes proportions transept saillant et chevet plat; au centre de l’édifice, une tour carrée formant tour-lanterne et clocher, parachevée par une flèche élancée.
Deux voûtes sexpartites couvrent le chœur, correspondant à une alternance des supports : courtes colonnettes reposant sur des culots pour les ogives intermédiaires, colonnettes plus importantes et partant du sol, entre les deux travées. Les chapiteaux sont à crochets peu développés dont le bourgeon terminal forme boule, les tailloirs carrés; l’appui des fenêtres est à degrés tandis que des colonnettes et un boudin mouluré en bordent l’ébrasement, qui dessine un arc brisé assez aigu. Tous ces caractères, ainsi que le triplet qui ajoure le chevet, indiquent nettement une œuvre du début de l’art gothique.
La même ordonnance se retrouve dans les croisillons couverts chacun d’une voûte à cinq branches d’ogive et toute l’importance du transept paraît réservée à la tour-lanterne dont la voûte octo-partite rythme les baies et les supports.
La nef reproduit à peu près les dispositions du chœur; certaines baies ont été remaniées postérieurement. Un raccord un peu maladroit entre transept et nef semble indiquer que celle ci a été commencée par la partie occidentale; les voûtes sexpartites actuelles ont remplacé en 1876-1877 un lambris de bois, mais selon toute vraisemblance de telles voûtes avaient existé à l’origine.
A l’extérieur, une délicate corniche formée de petits arcs brisés groupés deux par deux sous des arcades en plein cintre souligne le sommet des murs du chœur et des croisillons; les contreforts, (certains ont été renforcés), correspondent à l’alternance des supports intérieurs. Un petit portail s’ouvrait au S. Dans la première travée du chœur, analogue au portail de la façade, très simple. Un porche, curieusement couvert aussi d’une voûte sexpartite, a été ajouté en avant de la façade au XVe s .et une sacristie (XVIIIe s) au chevet.
C’est surtout la tour qui attire et retient le regard : une série d’arcades très allongées confondent en un seul les deux étages tour-lanterne et clocher, allégeant ainsi la silhouette, et divers motifs en creux s’inscrivent entre les arcs. Enfin une haute flèche complète l’élégance de l’ensemble.
Le Mobilier:
En visitant l’église l’attention doit se porter sur :
Dans le choeur:
Maître-autel en bois doré et polychrome fin XVIIIème siècle
Stalles en chêne sculpté XVIIIème siècle
Vierge à l’enfant assise, bois polychrome XVIIème siècle
Lutrin à l’aigle, bois or et blanc d’origine XVIIIème siècle
Dans la nef:
Chaire en chêne sculpté XVIIIème siècle (coeur enflammé et harpes)
Bénitier sur piédestal octogonal en calcaire XVIème siècle (entrée nord)
Cuve baptismale en pierre calcaire, à godrons, époque médiévale
Fonts baptismaux en marbre du XIXème siècle
Il faut également noter la Perque et Christ en bois peint et doré début XVIIIème siècle.
Les marais d’Appeville ont depuis toujours occupé une place importante dans le quotidien des habitants. Au XIVième siècle les habitants des paroisses d’Appeville, de Liesville, de Houesville et de St-Côme-du-Mont n’avaient qu’un droit d’usage sur ces terres. Les marais dépendaient des religieux de Lessay agissant comme seigneurs et barons d’Ozeville en Appeville.
Tout usager pouvait mettre à pâturer dans les marais des animaux (oies, moutons, porcs, chevaux et bovins). Il pouvait aussi, couper et emporter toutes espèces d’herbes pouvant servir à la litière des bestiaux ou à la couverture des maisons, bêcher et transporter de la tourbe, soit pour brûler, soit pour engraisser les terres, et enfin utiliser divers « engins » pour la capture des oiseaux des marais ou des poissons de la rivière de l’Ouve.
En retour, l’usager était soumis à une redevance envers l’abbaye de Lessay : il devait fournir annuellement une gerbe de froment et quatre gerbes d’orge au jour St Michel, un denier tournois à Noël et cinq œufs à Pâques. De plus, il était perçu quatre deniers pour journée de tourbe. En elles-mêmes, ces redevances n’avaient rien d’exorbitant, mais il faut remarquer qu’elles étaient indépendantes des taxes diverses, beaucoup plus lourdes, qui étaient imposées par l’État. Des amendes étaient prévues pour les usagers qui ne respectaient pas les règles.
A une époque que l’on ne connaît pas, la paroisse d’Appeville devint en quelque sorte propriétaire à titre gratuit, des marais situés dans son enclave, sans perdre pour autant ses droits d’usage sur la totalité des marais dépendant de la baronnie d’Ozeville. Quant aux autres paroisses, elles n’eurent jamais qu’une jouissance à titre onéreux. Mais conservèrent sans restrictions leurs droits d’usages sur la totalité des marais.
En 1515 et 1606 les habitants d’Appeville contestèrent les droits des paroisses voisines, ils furent les deux fois déboutés.
Un peu plus tard en 1645, les habitants d’Appeville pressés par des besoins d’argent cédèrent au sieur de Germanville et autres certaines portions de marais leur appartenant. L’argent de cette vente devait être employé au paiement des taxes imposées à la paroisse d’Appeville. Mais les nouveaux propriétaires crurent pouvoir se libérer des anciennes servitudes d’usage, et se réserver la jouissance exclusive des portions des marais acquises. Ils firent donc élever des clôtures pour se mettre chez eux, et construire des bâtiments pour exploiter leurs acquisitions. S’estimant lésés dans leurs droits, les habitants d’Appeville, de Liesville, de Houesville et de St-Côme-du-Mont, saisirent la justice. D’instances en instances le dossier arriva devant le roi.
Aucune décision définitive n’était prise quand survint la révolution. La loi du 10juin 1793 attribua les marais aux communes.
A la restauration, les descendants des acquéreurs de 1645 contestèrent cette attribution. Le tribunal de Coutances, puis la cour d’appel de Caen et enfin la cour de cassation attribuèrent définitivement les marais aux communes. La commune d’appeville conserva pour sa part 220 hectares de marais, après répartition avec les communes de Liesville, de Houesville et de St-Côme-du-Mont,
Au 20ième siècle les marais ne furent plus utilisés que pour le pâturage des animaux.. A cette époque 500 droits de pâturage étaient disponibles, les habitants en conservaient chacun un, la commune mettait les autres en vente pour son profit. Quand ils ne les utilisaient utilisés pas pour eux-mêmes, les Appevillais revendaient leurs droits de pâturage à des éleveurs venus d’ailleurs, communément appelés les horsains. Dans les années soixante, leur prix pouvait atteindre 200 à 300Fr. Une famille, grâce à leur vente, réussissait à payer tout ou partie de son loyer annuel.
Appeville offre plusieurs possibilités de parcours de randonnées pédestres fléchées:
Chemin du Douits: 13km, 3h15
Chemin du Bas Marais: 6km, 1h30
pour découvrir une des plus belles églises de la Manche, des habitations petites ou grandes très typées «Cotentin » et une vue panoramique des marais.
Vous trouverez la documentation à l’office du tourisme de la Baie du Cotentin ou dans le livre « les plus belles balades des marais du Cotentin et du Bessin » édité par le Parc Naturel Régional des Marais du Cotentin et du Bessin aux éditions DAKOTA.
“http://www.ot-baieducotentin.fr/”
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