Les Marais histoire

Les marais d’Appeville ont depuis toujours occupé une place importante dans le quotidien des habitants. Au XIVième siècle les habitants des paroisses d’Appeville, de Liesville, de Houesville et de St-Côme-du-Mont n’avaient qu’un droit d’usage sur ces terres. Les marais dépendaient des religieux de Lessay agissant comme seigneurs et barons d’Ozeville en Appeville.

Tout usager pouvait mettre à pâturer dans les marais des animaux (oies, moutons, porcs, chevaux et bovins). Il pouvait aussi, couper et emporter toutes espèces d’herbes pouvant servir à la litière des bestiaux ou à la couverture des maisons, bêcher et transporter de la tourbe, soit pour brûler, soit pour engraisser les terres, et enfin utiliser divers « engins » pour la capture des oiseaux des marais ou des poissons de la rivière de l’Ouve.
En retour, l’usager était soumis à une redevance envers l’abbaye de Lessay : il devait fournir annuellement une gerbe de froment et quatre gerbes d’orge au jour St Michel, un denier tournois à Noël et cinq œufs à Pâques. De plus, il était perçu quatre deniers pour journée de tourbe. En elles-mêmes, ces redevances n’avaient rien d’exorbitant, mais il faut remarquer qu’elles étaient indépendantes des taxes diverses, beaucoup plus lourdes, qui étaient imposées par l’État. Des amendes étaient prévues pour les usagers qui ne respectaient pas les règles.

A une époque que l’on ne connaît pas, la paroisse d’Appeville devint en quelque sorte propriétaire à titre gratuit, des marais situés dans son enclave, sans perdre pour autant ses droits d’usage sur la totalité des marais dépendant de la baronnie d’Ozeville. Quant aux autres paroisses, elles n’eurent jamais qu’une jouissance à titre onéreux. Mais conservèrent sans restrictions leurs droits d’usages sur la totalité des marais.
En 1515 et 1606 les habitants d’Appeville contestèrent les droits des paroisses voisines, ils furent les deux fois déboutés.

Un peu plus tard en 1645, les habitants d’Appeville pressés par des besoins d’argent cédèrent au sieur de Germanville et autres certaines portions de marais leur appartenant. L’argent de cette vente devait être employé au paiement des taxes imposées à la paroisse d’Appeville. Mais les nouveaux propriétaires crurent pouvoir se libérer des anciennes servitudes d’usage, et se réserver la jouissance exclusive des portions des marais acquises. Ils firent donc élever des clôtures pour se mettre chez eux, et construire des bâtiments pour exploiter leurs acquisitions. S’estimant lésés dans leurs droits, les habitants d’Appeville, de Liesville, de Houesville et de St-Côme-du-Mont, saisirent la justice. D’instances en instances le dossier arriva devant le roi.

Aucune décision définitive n’était prise quand survint la révolution. La loi du 10juin 1793 attribua les marais aux communes.
A la restauration, les descendants des acquéreurs de 1645 contestèrent cette attribution. Le tribunal de Coutances, puis la cour d’appel de Caen et enfin la cour de cassation attribuèrent définitivement les marais aux communes. La commune d’appeville conserva pour sa part 220 hectares de marais, après répartition avec les communes de Liesville, de Houesville et de St-Côme-du-Mont,

Au 20ième siècle les marais ne furent plus utilisés que pour le pâturage des animaux.. A cette époque 500 droits de pâturage étaient disponibles, les habitants en conservaient chacun un, la commune mettait les autres en vente pour son profit. Quand ils ne les utilisaient utilisés pas pour eux-mêmes, les Appevillais revendaient leurs droits de pâturage à des éleveurs venus d’ailleurs, communément appelés les horsains. Dans les années soixante, leur prix pouvait atteindre 200 à 300Fr. Une famille, grâce à leur vente, réussissait à payer tout ou partie de son loyer annuel.

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